TEMOIGNAGE DE JOHANN

photo johann

 
TRAIT PORTRAIT : JOHANN

 

Peux-tu te présenter et nous raconter un peu ton parcours ?

Moi c’est Johann, j’ai fait toutes mes études dans la publicité et comme l’intégralité de ma classe, arrivé à la fin de mon parcours, j’ai été bloqué. Donc là je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose. Je connaissais quelqu’un qui pouvait me prendre en apprentissage de coiffure en CAP, je me suis dit pourquoi pas, autant faire quelque chose pour un an. Par contre mon patron m’a un peu dégouté du métier donc j’ai abandonné cette voie là professionnellement, mais je continue toujours sur mes proches, j’adore coiffer. J’ai coiffé pour un défilé à Bruxelles, c’est des trucs qu’on n'oublie pas et que je peux mettre dans mon book.

« J’ai fait toutes mes études dans la publicité
et à la fin de mon parcours, j’ai été bloqué »

Ensuite j’ai eu l’opportunité de reprendre mes études dans la pub. J’ai fait ma première année de remise à niveau et ensuite je devais faire un BTS Mode et en fait l’école a fermé … J’ai du faire des petits jobs, parce qu’il fallait bien faire quelque chose. Avec les trois cordes que j’avais, je ne trouvais rien de concret donc là je me suis dit pourquoi pas lancer mon entreprise. J’en parlais avec ma meilleure amie qui est coiffeuse, elle me disait "lance toi". Je me suis dit "je vais me lancer dans la prothésie ongulaire", toujours dans l’esthétique tout ça, j’adore. J’ai fait une formation pour voir si ça me plaisait et ça m’a vachement plu. J’ai commencé à le faire sur mes cousines, mes amies, et elles étaient super contentes. Je me suis dit "de toute façon tu n’as rien à perdre, tu essayes et puis si tu y arrives pas, tu auras essayé et si tu y arrives tant mieux pour toi". 

D’où viens-tu ?

Je suis né à Roubaix mais j’ai grandi toute mon enfance à Lys-lez-Lannoy, je suis encore chez mes parents et là je commence à vouloir mon indépendance ça serait bien. Les jeunes pédalent vachement dans la semoule maintenant au niveau de leur avenir.

« Je me suis dit je vais me lancer dans la prothésie ongulaire »

Je ne dis pas que les études dans la publicité ça m’a servi à rien, mais je n'aurais pas perdu tout ce temps, je me serais lancé tout de suite et j’aurais pu le faire dans le salon de ma grand-mère, parce qu’elle avait un salon de coiffure. Elle me l’a dit « Tu aurais fait ça deux ans plus tôt on aurait travaillé ensemble » du coup j’étais dégouté, reprendre l’affaire familiale, j’aurais été super heureux.

Quand as-tu découvert la Mission Locale ?

Avant j’étais inscrit à Pôle Emploi, et c’est ma voisine qui m’a parlé de la Mission Locale, elle m’a dit « Vas y ils aident beaucoup les jeunes ». C’est Farida qui m’a accueillie et depuis j’ai toujours été suivi par elle.

Et le CLAP ?

Le CLAP c’est assez récent, c’est Farida qui m’en avait parlé, ils sont là pour nous accompagner. Florentin m’a beaucoup aidé pour remplir le dossier. C’est des choses qui me serviront plus tard si je dois passer des concours ou pour une banque.

Donc là, tu as commencé ton activité, comment ça se passe ?

Les premières semaines ça a été dur, j’étais un peu déprimé. Il n'y avait que des personnes que je connaissais donc du coup je me suis dit "ça va s’arrêter là". Mais en fait avec la pub, le bouche à oreille et les réseaux sociaux, maintenant j’ai des gens qui viennent de l’extérieur, donc ça fait plaisir !

« Je veux vraiment montrer
que je sais me débrouiller tout seul et réussir »

Samedi, j'ai coiffé une amie et elle m'a demandé d'en coiffer deux autres. Je me suis dis que jallais surement finir à 20h un samedi soir mais au moins ça me fait de la clientèle. Mon amie coiffeuse m’a dit "il faut au moins un an pour te faire une bonne clientèle".

Qu’est ce que tu aimes dans ce métier ?

La créativité, que ce soit avec la coiffure ou pour les ongles, j’aime bien embellir les gens, aider la personne à se sentir bien. Parfois, j’ai des amis qui n’ont pas trop le moral. Ils m’appellent pour les chouchouter, après ils vont tout de suite mieux. C’est vraiment le côté créatif aussi, c’est pour ça que je suis resté dans cette branche.
Au début, je voulais travailler dans un bureau mais je n'aurais pas su rester derrière un ordinateur.

Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer ce métier ?

Être créatif, avoir de la patience, beaucoup de patience, de la précision, être méticuleux et avoir une âme d’artiste.

Et quelles sont tes sources d’inspiration ?

Ce qui m’attire c’est l’événementiel. Tout ce qui est "célébrités" comme Lady Gaga, Nicki Minaj, Beyoncé, elles ont des super coupes et à chaque fois, elles ont des ongles niquels.

Si tu devais me raconter le moment où ta motivation était au maximum, et à l’inverse où elle était au plus bas.

Ma motivation maximum, ça a été quand j’ai commencé au tout début parce que je n’avais plus rien à perdre. J’ai quand même 23 ans, je me suis dit "là il faut tout donner, il faut foncer". Et puis, c’est quand même classe quand on dit "j’ai mon entreprise, je réussis, on sait que la personne est responsable, c’est ça aussi que je veux prouver aux autres". Jusqu'à maintenant, ma famille m’a beaucoup épaulée et je veux vraiment leur montrer que je sais me débrouiller tout seul et réussir.
Ma motivation au plus bas, c’était au début de la formation en prothésie ongulaire. Je voyais les filles dans les salons qui se débrouillaient déjà très bien. Je me disais "mais comment je vais faire pour apprendre tout ça en deux semaines, ça ne va pas être possible, et en fait si, je l’ai fait". La formatrice m’a dit "Les meilleurs élèves avec qui j’ai travaillé c’était les garçons, et tu en fais partie".

« Je voudrais une vie simple mais réussie »

Mais c’est vrai, au début je stressais un peu, je me disais "je n’ai pas ma clientèle, ni les stocks…".
Quand j’ai commencé les papiers pour mon entreprise, j’étais perdu mais je ne voulais demander de l’aide à personne. Du coup, j’avais des rendez-vous tout le temps à la Chambre des Métiers car j’avais toujours des questions à poser. C’est sûr que j’ai perdu un peu de temps là dessus mais au moins, je me suis débrouillé tout seul. Ce sont toujours des démarches où il faut attendre, du coup j’étais toujours en stress, j’avoue j’ai eu des coups de déprime, mais mon entourage me l’a dit "Ne t’inquiète pas, ça ne va pas venir du jour au lendemain".

Qui sont tes soutiens principaux ?

Ma famille et mes amis. Ils m’ont fait confiance. Mes meilleurs amis me disaient "Je veux vraiment t’encourager, je veux vraiment soutenir ton entreprise, je crois en toi". Quand je leur ai dit "ça y est, je me suis lancé", ils étaient super fiers de moi. Ma famille c’est pareil, c'est surtout ma grand-mère qui était contente.

Tu n’as pas eu des remarques du type « C’est risqué, t’es sûr de ce que tu fais » ?

Je m’attendais à ces remarques là au début, surtout venant de ma famille mais en fait ils m’ont dit "écoute, on est vraiment content pour toi, essaye...". Bon sauf mon parrain qui est un homme de bureau, il m’a dit "tu ne vas pas faire ça tout le temps ? Tu vas retourner dans la publicité ?".

Dans 10 ans, tu t’imagines où ?

J’aimerai avoir mon bar à ongles à Toufflers, pourquoi pas, ça serait vraiment le top, que je ne me soucie pas du lendemain. Je suis une personne qui gagne de l’argent pour vivre mais pas qui vit pour l’argent. Tant que je gagne et que je me fais plaisir à moi et aux autres, c’est le principal. Une clientèle fidèle c’est ce que j’espèrerai, et une vie simple mais réussie.