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TRAIT PORTRAIT : CHRISTOPHER

 

Peux-tu te présenter et nous raconter un peu ton parcours ?

J’ai 20 ans, je suis né à Croix mais je vis à Roubaix, j’ai fait toute ma scolarité à Roubaix. Au collège, on me disait tout le temps que je n’arriverais à rien dans la vie, que je n’aurais jamais de diplôme, que je serai un cancre, que limite je dormirais dehors. Et puis au lycée, j’ai cartonné, j’ai eu mon diplôme avec des félicitations, des très bonnes notes, 17 de moyenne en maths, 16 en français, 19 en anglais alors qu’au collège ce n’était pas le top, j'étais plutôt autour de 3 de moyenne.

« Au collège, on me disait que
je n’arriverai à rien dans la vie »

Au lycée, les profs expliquaient mieux alors ça rentrait mieux dans la tête. J’ai eu mon diplôme CAP deux roues, puis j’ai enchainé avec une formation à Wattrelos que j’ai réussi. J’ai eu deux diplômes, un CAP automobile et un CQP OSR automobile, donc j’ai eu trois diplômes en tout. Après ça je me suis inscrit à la Garantie Jeunes et là j’ai fait un stage, j’essaye d’apprendre d’autres métiers.

Comment s’est passée cette dernière formation ?

C’est une formation qui devait durer 3 ans, mais on a fait un cours accéléré de moins d’un an. C’était très dur donc il fallait vraiment s’accrocher pour réussir. Au début, on était 25 et puis on s’est retrouvé à 7. Certaines personnes n’ont pas tenu le coup, c’était intensif. Sur les 7 qui sont restées, les 7 ont réussi.

Comment en es-tu arrivé à intégrer la Garantie Jeunes?

Quand j’étais à Pôle Emploi, ils me disaient d’aller très loin de chez moi et à un endroit non accessible en transport commun, il me fallait vraiment la voiture. Et du coup, ma conseillère à la Mission Locale m’a dit : « si tu veux, tu peux rentrer à la Garantie Jeunes pour financer ta voiture ».  

Jusqu’ici, tu n’es jamais resté inactif si je comprends bien ?

J’ai préféré rester actif parce que tant qu’on est jeune, il faut en profiter pour faire un maximum de choses. Même si on se trompe, même si ce n’est pas notre voie, au moins on aura essayé.

Qu’est-ce que t’apporte la Garantie Jeunes?

Une aide financière, il ne faut pas se le cacher. C’est mieux d’avoir ça que de rester chez soi, ou de faire des mauvaises choses dehors… C’est toujours mieux de rester dans le droit chemin à la Garantie Jeunes et d’avoir cette petite somme qui t’aide vraiment. Moi dans mon cas c’est pour m’acheter une voiture parce que maintenant si tu n’as pas de voiture, t’es bloqué. 

« À la Garantie Jeunes, ils sont
derrière nous pour nous motiver »

 En tout cas, moi ça me freine. Tous les mois, les boîtes d’intérim m’appellent, mais malheureusement, sans voiture, je dois refuser les offres. Du coup, dans 3 / 4 mois maximum, j’achèterai une voiture. On apprend à avoir nos propres responsabilités à la Garantie Jeunes, parce que, papa maman ne sont pas immortels, donc on apprend à gérer ses factures, son budget… Il y a beaucoup d’ateliers à la Garantie Jeunes et je m’inscris à ceux qui me seront utiles pour plus tard. Ils sont toujours derrière nous pour nous rebooster dans les moments qui ne sont pas faciles et grâce à eux, certains trouvent des CDI, c’est pour ça qu’il ne faut pas lâcher, il faut continuer pour avoir ce que l’on veut.

Tu as fait un stage dans un domaine qui n’est pas le tiens à la base, pourquoi ?

J’étais chez un ami, à la campagne, il m’a fait découvrir l’espace vert avec lui, pendant une semaine et ça m’a plu. Il m’a montré le métier et j’ai adoré. Quand les conseillers à la Garantie Jeunes nous ont demandé de faire un stage de découverte, j’ai choisi dans ce domaine.

Comment s’est passé ce stage ?

J’ai trouvé très vite ce stage. Le matin, j’ai déposé un CV et une lettre de motivation à Nord Espace Vert et l’après-midi, le patron m’a appelé pour me dire qu’il était intéressé. Il m’a donné rendez-vous le lendemain. Il m’a posé beaucoup de questions puis m’a annoncé qu’il me prenait en stage. Quand j’ai commencé le 25 septembre 2017, on m’a mis tout de suite dans le bain. J’ai tout de suite utilisé les grosses machines, les salariés m’apprenaient vraiment bien leurs métiers parce qu’ils adoraient ça. Ils ne m’ont jamais laissé de côté à ne rien faire. Si je travaille, c’est pour apprendre les ficelles d’un métier que j’aime, je ne vais pas faire un truc qui ne me plaît pas. 

« Il y a toujours une personne qui fait qu'on a envie
de tout claquer et d'autres qui te reboostent » 

 Le travail est très dur, mais il y avait une bonne ambiance. On faisait 4, 5 voir 6 chantiers par jour donc il fallait vraiment être réactif tout en faisant un bon travail. Le plus physique, c’est quand on doit porter des sacs de sable. Dans tous mes stages, je me suis toujours donné à fond, je n’ai pas lâché. Je me disais que par la suite, ils pouvaient peut être me proposer quelque chose.

Tu m’avais parlé d’une personne, une sorte de mentor pour toi. Qui est-ce ?

Mohamed FARAHANI qui m’a fait confiance et m’a pris en stage. A force de chercher, de ne pas baisser les bras, même si on a des refus, on continue, on continue et un jour on trouve.

 « Si tu n'as pas de voiture, t'es bloqué » 

Souvent on s’appelle, c’est un très bon ami. Quand j’ai besoin de lui il est là, quand il a besoin de moi je suis là avec plaisir. C’est grâce à lui que j’ai eu mes diplômes donc je le remercie à ma façon.

Peux-tu me décrire un moment où tu étais super motivé et à l’inverse où tu as été démotivé ?

Il y a un moment où j’étais en stage en mécanique, c’était quasiment 6 mois de stage mais je n’apprenais rien. C’était que des tâches comme nettoyer le sol, et à ce moment là, je voulais vraiment arrêter. Ce stage m’a dégouté de la mécanique. Tu veux apprendre le métier et on te freine avec un balai… Heureusement, un des salariés m’a dit : « Viens avec moi, aide moi à faire ça ». 

« Je me vois vivre à la campagne,
avoir ma petite entreprise d'espaces verts » 

 On s’est très vite bien entendu. Dès qu’il avait besoin d’un coup de main, j’y allais. C’est lui qui m’a reboosté, j’étais au taquet et grâce à ça, j’ai eu mes deux autres diplômes. Quand je commence à faire quelque chose, je n’ai pas envie d’arrêter. Mais on rencontre toujours une personne qui fait tout pour qu'on ait envie de tout claquer. Puis, il y en a d’autres qui te reboostent, comme ce salarié. Il ne faut rien lâcher dans la vie, même si il y a un mur devant nous, il faut essayer de le franchir. C’est ce que j’ai fait à chaque fois et je continuerai.

Qu’est-ce que tu comptes faire après la Garantie Jeunes ?

Les contrats en CDD, c’est bien mais tu ne peux pas avoir ton indépendance… donc si au bout de 6 mois je n’ai pas de CDI, je ferai une formation. Au moins pour apprendre encore d’autres choses. 

 « J'ai envie de faire plein de choses »

Pourquoi ne pas passer un diplôme en espace vert, j’aurais une porte de secours. Ou peut-être, faire une formation en mécanique agricole, on m’a dit que c’était plus recherché que la mécanique automobile. J’ai envie de faire plein de chose, mais une chose à la fois. Je ne veux pas me mélanger les pinceaux. J’essaye de multiplier les chances de m’en sortir.

Où te vois-tu dans 10 ans ?

Je me vois vivre à la campagne. Il y a beaucoup de verdure, les gens sont beaucoup plus débrouillards. Je voudrais avoir ma propre entreprise d’espace vert avec deux, trois employés, faire des chantiers, vivre ma vie là-bas, avoir une petite réussite, ça serait bien.